LE MONSTRE DE FLATWOODS

Conférence d’Egon Kragel, le 18 juin 2022

Egon Kragel commence par rappeler le contexte dans lequel prend place cet incident : l’année 1952 est riche en manifestation ufologiques et apparitions d’entités exotiques ou exogènes. A cette époque, peu ont enquêté sur cette histoire en France : seuls Jacques Bergier et Jimmy Guieu l’évoquent dans leurs livres. Il s’agit pourtant d’une histoire qui aura un impact fort sur la culture américaine et nippone.

Au niveau des faits, Flatwoods est une petite bourgade du comté de Blaxton, en Virginie-Occidentale, forte de 200 à 300 habitants au moment de la survenue de cette histoire.

En cette soirée du 12 septembre 1952, deux frères, Freddie et Eddy May, âgés respectivement de 12 et 13 ans, jouent au ballon avec leur copain Tommy Hyer. Les deux frères voient un curieux météore traverser le ciel, en forme de pièce d’un dollar en argent. Ils préviennent leur mère, Kathleen, une ancienne enseignante qui a ouvert un institut de beauté (le Kathy’s Beauty Shop). Celle-ci repère l’objet rouge et en parle à son cousin, Eugène Lemon, alors chez elle. Eugene Lemon est âgé de 17 ans et réserviste de la Garde Nationale américaine et il pense qu’un avion s’est écrasé.

C’est Eugene Lemon qui va mener l’expédition vers le lieu du soi-disant crash, accompagné de Kathleen May, ses deux enfants Freddie et Eddy, leur ami Tommy Hyer, ainsi que deux de leurs jeunes voisins : Neil Nunley (14 ans) et Ronnie Shaver (10 ans).

Arrivés sur place, le groupe constate la présence d’un grand objet ovoïde (comme une « boule de feu »), qui semble changer de couleurs, ainsi qu’une étrange odeur acre, qui les saisit à la gorge. Le tout auréolé d’une étrange brume.

Le chien des May aboie, le poil hérissé et pénètre dans l’étrange brume. Puis, soudain, il semble terrifié et s’enfuit en hurlant, dévalant la colline pour repartir en direction de la maison de ses maitres.

La lampe d’Eugene va alors révéler deux yeux brillants, puis le corps d’un « monstre » de près de 3 mètres de haut. Épouvanté, il en tombe à la renverse. Le groupe est effrayé par cette chose mécanique : Kathleen May aura même de l’huile sur sa combinaison.

Une créature qu’ils décriront comme coiffée d’un casque conique, avec de petits bras (ou absence de ceux-ci, parlant plutôt d’antennes) et muni d’une sorte de « jupe » de métal, ressemblant plutôt à des tubes métalliques.

 Les protagonistes de cette histoire vont en garder des séquelles : le chien vomira puis mourra en l’espace de quelques jours ; les enfants resteront en état de choc pendant une heure et demi. De même, ils ne pourront rien avaler pendant trois jours en raison de leur gorge enflammée (ce que l’on mettra sous le coup d’un « empoisonnement au gaz moutarde »). Eugene Lemon aura des convulsions toute la nuit et vomira. Quinze jours plus tard, il aura encore mal à la gorge en buvant.

Le shérif, Robert Carr, viendra pour mener son enquête, en compagnie de deux chiens, lesquels s’enfuiront du lieu d’observation de l’entité en hurlant mais il ne verra rien de plus en raison de la brume.

Le lendemain, le journaliste Lee Stewart ira sur les lieux et découvrira deux longues traces parallèles, comme pour un « traineau », menant à un endroit où l’herbe était écrasée ; lieu probable où « l’engin » se serait posé. Au sol, il sentira une odeur « acre et irritante qui pique le nez ». Lee Stewart est un vétéran de l’armée et cela ne lui rappelle aucun gaz utilisé.

De nombreux témoins des environs observèrent l’OVNI de couleur rouge ou signalèrent des faits insolites : à l’instar de la mère d’Eugene Lemon qui, au moment du passage de l’objet, sentit sa maison trembler et sa radio s’arrêter.

Le lendemain, 13 septembre 1952, un témoin nommé George Snitowsky, observera le même être ou monstre, à Stuton, dans la même région, avec une odeur « comme de l’éther mêlé à du soufre brulé ».

Aux Etats-Unis, en ces temps de naissance de l’ufologie, une enquête sera menée par Gray Barker, pour le compte du magazine Fate. Kathleen May et Eugene Lemon sont interviewés à la télévision, dans l’émission We the People, diffusée le 19 septembre 1952.

Reconstitution d’après le récit des témoins.

Au chapitre des hypothèses, plusieurs seront examinées, alors qu’il y eut de nombreux témoins du passage de l’objet et qu’il y eut des effets physiques :

  • Pour Ivan T. Sanderson et Gray Barker, après enquête sur place, il ne pouvait s’agir d’une météorite. De nombreux témoins observèrent au moins 5 objets lumineux dans la région.
  • Pour les policiers, il n’y avait rien d’anormal et il s’agissait d’une hystérie collective.
  • Pour les enquêteurs sceptiques, il s’agissait d’un météore.
  • Pour Joe Nickell, enquêteur de l’Air Force, il s’agissait d’un animal sur une branche ; sans doute une chouette effraie.

D’autres hypothèses ont été évoquées :

  • Un nuage de poussière à forme humaine ;
  • Une vache gonflable publicitaire (pour une marque de fromage) ;
  • Plus récemment, en France, en 2016, Renaud Leclet a évoqué un engin agricole muni d’un gyrophare (pour expliquer l’objet aperçu) ou une chouette avec le reflet des phares dans les yeux. Pour l’odeur : des cadavres en décomposition dans un nid de chouettes…
Hypothèse de la « chouette effraie » formulée par Renaud Leclet.

Le projet Blue Book, organisme pour lequel enquêtait à l’époque J. Allen Hynek, ne tira pas de conclusion sur cette affaire.

Pour l’ATIC, il s’agissait d’une méprise avec une chouette…

Depuis l’incident du « monstre de Flatwoods », le comté de Blaxton est devenu le « pays du monstre vert » (the land of the green monster) et figure beaucoup dans les bandes-dessinées, mangas et animés japonais ou américains, ainsi que dans un grand nombre d’objets à son effigie.

Preuve de sa popularité : sur l’année 1952, le « monstre de Flatwoods » fut le onzième cas le plus traité dans la presse américaine !

Stéphane Royer

Pour en savoir plus, lisez le chapitre que consacre Egon Kragel à ce dossier dans son nouveau livre :

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