L’UFOLOGIE EN CHINE

« L’univers est un océan, la Lune ce sont les iles Diaoyu, Mars l’île Huang-yan. Si nous n’allons pas là-bas maintenant alors que nous en sommes capables, alors nos descendants nous en rendrons responsables. Si d’autres y vont, alors ils prendront tout et vous ne serez pas capables d’y aller même si vous le voulez. C’est une raison suffisante. »

Ye Peijian, un vétéran de l’aérospatiale chinoise et à la tête du programme chinois lunaire, parlant à la session plénière annuelle du Parti Communiste Chinois (PCC) de 2017, expliquait pourquoi la Chine allait sur la Lune. Diaoyu et Huangyan sont tous les deux des endroits contestés dans des régions que la Chine regarde comme des territoires chinois. Le message ne pourrait être plus explicite. La Chine allant sur la Lune et Mars, ce n’est pas juste une performance scientifique ou de l’orgueil national, c’est surtout forger la puissance chinoise dans l’empire céleste extérieur.

Le prospère module de débarquement Chang’e 4, l’atterrissage et le déploiement du Rover Yutu 2 sur la face cachée de la Lune le 3 janvier 2019, étaient tous les deux des premières. En janvier 2020, l’Académie des Sciences de l’Administration Nationale Spatiale de Chine diffusa des données collectées par le module et le rover, acquises par un satellite de communication chinois dédié et positionné au-delà du coté caché de la Lune.

Le président américain Trump citant les « menaces spatiales » et mandatant le Pentagone pour établir une force spatiale américaine a été anticipé et est déjà développé par l’Armée de Libération du Peuple (ALP) du PCC dans une restructuration du Renseignement Militaire Chinois. A savoir, la Force de Support Stratégique du PLA (SSF : Zhanlue Zhiyuan Budui), qui se concentre sur l’espace, la psychologie, la guerre électronique et cyber, sous la direction du général Gao Jin, incluant le Bureau de Reconnaissance de l’Aérospatial (BRA).

Un document publié par le Conseil d’Etat à Beijing en 2015 déclarait : « L’espace lointain est devenu le nouveau sommet de commandement dans la compétition stratégique internationale. Les pays concernés développent leur forces et instruments spatiaux et les premiers signes d’armement de l’espace lointain sont apparus ».

Au dos de l’édition papier (en 2016) de la trilogie fictionnelle Sekret Machines, Book 1 : Chasing Shadows (Machines secrètes, livre 1 : chasser les ombres) de Tom DeLonge et A.J. Hartley, lequel traite « des menaces spatiales, l’ancien major général Michael J. Carey, assistant spécial au commandant du commandement spatial de l’Air Force, donna son appui, en des termes similaires, à la déclaration au Conseil d’Etat de Beijing de 2015, c’est-à-dire : « Nos chefs militaires disent que l’espace est un environnement contesté depuis des années maintenant, peut-être que nous devrions les croire ! »

Le temps dira si ce sont plus que des zones de guerre militaires nées sur Terre à l’œuvre ici, mais il semble qu’il y ait beaucoup de données nous encourageant vers ce qui semble être une confiscation extraterrestre : ce n’est pas d’ici, partenaire.

La marche vers le premier contact

La Chine a même conduit la marche vers le « premier contact » par des moyens scientifiques plus traditionnels, avec l’astronomie par radiotélescope, et son antenne d’observation massive dans la région des montagnes de karst de Chine, dans la cuvette de Dawodang, comté de Pingtang, à Guizhou, au sud-ouest de la Chine. Nommé le radiotélescope sphérique à ouverture de cinq cent mètres (« FAST », en anglais), et surnommé Tianyan, ou « Œil dans le ciel », l’antenne a été consacré à détecter les signaux de communication interstellaires.

Les ufologues chinois associent Guiyang, province de Guizhou, avec l’événement du 1er décembre 1994, comparable à un « mini-Toungouska », dans la ferme de la forêt de Duxi. C’était une présence OVNI destructrice observée par les résidents locaux comme une forte lumière flamboyante, avec un grondement comparable à un train. Alors que certains toits furent endommagés, la plus grande destruction survint sur 160 mètres carrés de forêt, dans laquelle les arbres furent rompus à la même hauteur. On pourrait l’associer avec une « explosion aérienne » liée à un événement astronomique, mais les chercheurs chinois plaident en faveur d’un événement ufologique relié à des extraterrestres.

En cette même année, 1994, eut lieu l’abduction alien la plus connue. Meng Zhao Guo, un jeune arboriculteur, de Wuchang, près de Harbin, dans la province Heilongjiang, et deux ouvriers agricoles, travaillant à l’exploitation forestière Red Flag, virent quelque chose d’inhabituel près du Mont Phénix. La rencontre bizarre et complexe qui suivit impliqua Meng, qui fut touché par un rayon de lumière, prétendant expérimenter un enlèvement et une rencontre sexuelle rapprochée avec une extraterrestre.

Comme tant de cas d’abductions répandus à travers le monde, l’histoire de Meng Zhao Guo est essentiellement ça – une histoire – mais une histoire bizarre. En Chine, j’ai pu avoir une longue discussion avec le principal chercheur sur ce cas, le professeur Chen Gongfu.

Un autre cas d’abduction extraterrestre

Alors que je visitais la Chine en 2005, j’ai obtenu des informations détaillées sur un cas d’abduction particulièrement intéressant. Zhang Jingping, de l’Association Ufologique Chinoise Mondiale, a enquêté sur ce cas qui a un rebondissement « judiciaire ».

En décembre 1999, Cao Gong, un homme d’âge moyen de Beijing, affirmait avoir été enlevé par des extraterrestres et avoir volé dans leur OVNI vers Qinhuangdao. « Ils ressemblaient à des humains mais avaient de grandes mains et étaient très pâles », a raconté Cao aux enquêteurs. Il dit qu’il a rencontré une Chinoise dans la soucoupe volante.

L’enquête de Zhang débuta en avril 2000. La première étape fut l’hypnose par un psychologue renommé de Suzhou. Il amena Cao au Bureau de Beijing de la Sécurité Publique pour un test au détecteur de mensonge. « Il a réussi le test », dit Zhang.

La Chinoise dans la soucoupe volante semblait avoir autour de 13 ans. « Les extraterrestres ont guéri sa maladie dans la soucoupe », affirmait Cao. Afin de découvrir cette fille, Zhang amena Cao vers le Bureau de Sécurité Publique de Tangshan, en juillet 2000. « Les policiers firent un portrait-robot par ordinateur du visage de la fille selon la description de Cao », dit Zhang.

En novembre 2002, Zhang conduisit un groupe d’étudiants de l’université de Beihang (auparavant connue comme université d’astronautique et aérospatiale de Beijing) pour un voyage vers Qinhuangdao, à la recherche de cette mystérieuse fille.

« Il y avait seulement une très petite lueur d’espoir pour découvrir cette fille avec seulement un portrait-robot informatique d’elle », dit Zhang.

Ils arrivèrent dans le comté de Qinglong, au nord de Qinhuangdao, et commencèrent leur recherche en aveugle parmi une population du comté de 400000 personnes.

« De manière étonnante, nous découvrîmes un indice le deuxième jour de notre recherche. Un vieil homme dans le comté reconnut la fille sur notre photo », dit Zhang. Ils découvrirent la fille peu après ça. Elle avait 15 ans. Zhang la ramena à Beijing pour rencontrer Cao Gong. Elle fut identifiée par Cao comme la fille qu’il avait vu dans l’OVNI.

Heureusement, alors que j’étais en Chine, je pus discuter de ce cas fascinant avec Zhang Jingping et d’autres chercheurs, et aussi parler à Cao Gong lui-même. A part l’aspect « guérison », ce cas comporte d’autres aspects d’intérêt particulier comme l’utilisation apparente d’une « lumière solide ».

Conférence OVNI mondiale de 2005 à Dalian. Bill Chalker est à droite, assis derrière Stanton Friedman.

Ufologie chinoise

J’ai assisté à la Conférence Ufologique Mondiale de 2005 à Dalian, en Chine, ce qui m’a procuré une bonne opportunité de témoigner de différentes manifestations de l’ufologie chinoise.

Je fus attiré par cet événement pour pousser ma compréhension de la recherche ufologique en Chine. Je pus conduire un grand nombre d’interviews et rencontrer des chercheurs clés ou des personnalités comme le professeur Sun Shili, Zhang Jingping, le professeur Ling Huan Ma et le professeur Chen Gongfu. Les efforts pour développer une Fédération Mondiale d’Ufologie furent dirigés par l’énergique Jan Fan (que j’ai rencontré à Dalian) de l’Association de Recherche OVNI de Dalian.

Une retombée indirecte de ces efforts fut l’organisation du groupe OVNI à Hong-Kong de Moon Fong, lors de la Conférence Ufologique Internationale de 2011, à laquelle figuraient les ufologues du continent chinois, que j’ai interviewé en profondeur, à la conférence Ufologique de Dalian, en 2005 – Sun Shili, le professeur Shen Gongfu et Zhang Jingping.

Perdu dans la traduction ?

Il y a peu d’information sur les organisations ufologiques chinoises, aussi un article dans l’édition en ligne du South China Morning Post (SCMP) du 22 décembre 2017, par Liu Zhen, attira mon attention. Les gros titres disaient : « Est-ce qu’il y a quelqu’un ailleurs ? Le jour où la fièvre OVNI contamina la Chine : des histoires à propos d’aliens et de soucoupes volantes ont déjà retenu l’imagination du public en Chine mais génère à peine maintenant de l’intérêt ».

Une référence à mon ami Zhang Jingping, et le point de vue du journaliste selon lequel il fut « l’une des rares personnes du continent toujours intéressée par le sujet », était tellement déconnecté de la réalité que je connais.

L’histoire du SCMP fut clairement relancée en raison des révélations du programme OVNI secret du Pentagone rapportée par le New-York Times quelques jours plus tôt. Il capte un peu de l’histoire de l’ufologie chinoise, mais sa suggestion que la « fièvre OVNI » chinoise est une chose du passé semble aux antipodes de ce qui se passe.

Voici des extraits de l’article du SCMP :

« Les histoires d’extraterrestres et de soucoupes volantes ont déjà capté l’imagination du public en Chine mais génèrent peu d’intérêt maintenant.

« Le discours national sur les OVNIs en Chine décolla après 1978, avec la renaissance de la science et de la technologie, un domaine qui a été négligé pendant la Révolution Culturelle de Mao Zedong. A la même époque, les restrictions dans les médias se relâchaient en Chine et de nouveaux journaux, ou périodiques, scientifiques étaient lancés à travers le pays.

« Mais Qi Lian, éditeur en chef de The Journal of UFO Research (le journal de recherche sur les OVNIs) dit que leur publication était la première de son genre dans le pays qui plaça vraiment le sujet sur le tapis.

« Le public en général n’avait pas alors accès à la connaissance scientifique et il y avait de nombreux mythes autour de sujets comme la physique », dit Qi.

« Mais, au début des années 1990, le magazine basé à Lanzhou avait un tirage de plus de 300000 par numéro, avec un lectorat allant des scientifiques de pointe et fonctionnaires aux citoyens âgés et écoliers.

« L’enthousiasme pour toutes ces choses extraterrestres fut partagé par le traducteur espagnol et ancien diplomate, Sun Shili. Sun est intéressé depuis longtemps par les extraterrestres et a traduit Sacerdotes o Cosmonautas ? (Prêtres ou Cosmonautes ?) en chinois. Le livre fut écrit par son ami Andreas Faber-Kaiser en 1971, et ensuite vint la traduction. Sun fut ensuite considéré comme un expert sur le sujet.

« Ce livre est un résumé de plus de 300 livres dans le monde sur les OVNIs, et il fut l’un des premiers sur le sujet disponible pour les intellectuels en Chine », dit Sun. « L’acte même de la traduction a probablement fait de moi l’un des experts OVNI le mieux renseigné en Chine ».

« Sun a continué en cofondant la première association ufologique chinoise en 1979, et il aida en tant que conseiller, avant d’en devenir le président, quelques années plus tard. En 1988, l’Association ufologique de Chine avait grandi jusqu’à comprendre 50000 membres, et être affiliée à l’Association de Recherche Scientifique du Qigong de Chine.

« Mais le partenariat entre les associations ufologiques et le Qigong se termina neuf ans plus tard en raison d’une controverse, à savoir si le Qigong était une pseudoscience.

« Pendant ce temps, une foule de provinces et de villes du continent formèrent leurs propres organisations ufologiques enregistrées auprès des administrations de la science et de la technologie.

« Zhang Jingping, propriétaire d’une entreprise de publicité, et un amateur enthousiaste d’OVNIs, fait remonter son obsession des aliens à 1990, alors qu’il était au début de la vingtaine. Zhang a voyagé à travers le pays, interviewant des gens à propos de leurs affirmations sur des rencontres extraterrestres. Dans certains cas, il a hypnotisé les sujets pour parvenir à la vérité. La passion l’a mené jusqu’aux limites du pays, incluant la province de Heilongjiang, où un homme affirma avoir eu un enfant avec une extraterrestre. L’homme offrit une météorite comme preuve de son expérience, dit Zhang.

« J’ai dépensé beaucoup de mon argent personnel pour voyager et enquêter, sur les affirmations d’observations d’extraterrestres en Chine, purement pour un intérêt personnel », dit-il.

« Mais Zhang est l’une des rares personnes sur le continent toujours intéressée par ce sujet. »

L’histoire du SCMP de décembre 2017 offrait une image de l’intérêt ufologique chinois dans ses années fantômes, mais l’inverse semble être le cas.

En juillet 2018, il y eut une exposition sur le thème de la civilisation extraterrestre d’après l’OVNI américain de Roswell, à Chongqing, en Chine, en lien avec Walmart ! Jan Fan y assistait afin de promouvoir la fédération ufologique chinoise mondiale. Dans son discours d’ouverture, il a dit : « Bienvenue à tous les invités du monde entier. Aussi, est-ce que les OVNIs existent ? Est-ce que ce sont vraiment des extraterrestres ? Pendant des milliers d’années, ces problèmes ont persisté dans le cœur de chacun… Des faits seront utilisés pour répondre à la confusion de chacun ».

Le chercheur et écrivain Donald Schmidt, qui fut un enquêteur spécial pour feu J. Allen Hynek, assista aussi à la discussion sur la recherche OVNI et Roswell. Le pionnier de la recherche ufologique chinoise, Sun Shili, était aussi présent. Le réalisateur de film, James Fox (UFOs : 50 Year of Denial ? – OVNIs : 50 ans de déni ?) était aussi là. Sur son blog, il rapporta qu’il avait eu beaucoup d’histoire en or d’OVNIs de sa visite en Chine. James a interviewé mon ami Zhang Jingping.

Zhang enquêta sur un accident auquel il se réfère comme le « crash OVNI » de Datong de 1997, dans lequel deux « aliens » étaient prétendument présents. Zhang interviewa une ancienne source militaire, un jeune soldat qui servit trois ans dans le troisième bataillon de la division d’entrainement militaire de Datong. Zhang partagea certains détails de son enquête avec moi et il attend avec intérêt de possibles développements futurs. A ce stade, le récit de Datong de 1997 semble une histoire intrigante qui émane d’un seul témoin.

L’élan de l’événement de Chongqing mena à une conférence à Moscou – l’ufologie chinoise en Russie – auquel participa quelques chercheurs occidentaux, dont Gary Heseltine, rédacteur en chef et éditeur de UFO Truth. La conférence chercha à faire évoluer vers une coalition mondiale pour un contact extraterrestre. Il me fut demandé d’être le représentant australien mais j’ai refusé alors que les organisateurs demandaient une déclaration de croyance dans le contact extraterrestre. On m’a informé que les objectifs et les plans de la conférence n’étaient pas complètement livrés par la délégation chinoise, et il semble maintenant que l’initiative soit maintenant laissée aux délégués occidentaux. Peut-être que cela pourrait changer avec des développements supplémentaires.

Tous ces développements me suggèrent que l’article du South China Morning Post s’est lui-même « perdu dans la traduction ». La question ufologique en Chine semble continuer et être pleine de possibilités.

New Dawn (numéro spécial, Version 14, N°1), février 2020.

Bill Chalker

(Bill Chalker est un chercheur majeur en ufologie, avec un passé scientifique dans la chimie. Il a publié amplement sur le sujet OVNI et il est l’auteur de The OZ Files, the Australien UFO story (1996) ; Hair of the Alien, du chapitre australien dans le livre UFOs and Government (2012) et il a contribué aux trois éditions de The UFO Encyclopaedia, de Jerome Clark (la dernière date de 2018). Il gère un blog sur theozfiles.blogspot.com).

Stéphane Royer pour la traduction de l’article intitulé « LOST IN TRANSLATION OR THE DEVOURING DRAGON ? » : « PERDU DANS LA TRADUCTION OU LE DRAGON DEVORANT ? »

Étiquettes :

Aucune réponse

    Laisser un commentaire

    Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *