MONNAIES MYSTERIEUSES

Depuis les débuts de l’humanité, avec la spécialisation du travail, les échanges de produits et de services se sont généralisés. Si le troc a été l’un des premiers moyens de paiement, d’autres moyens sont arrivés par la suite : pièces, billets, lettre de change, etc.

Nous allons ici nous intéresser aux monnaies métalliques en rapport avec le sujet OVNI, dont certaines circulent depuis relativement peu, mais certaines semblent beaucoup plus anciennes.

Ainsi, de nos jours, des pièces commémoratives sont émises pour célébrer divers anniversaires. L’ufologie n’échappe pas à ces commémorations.

En 2018, le Canada décida d’émettre des monnaies commémorant deux incidents survenus en 1967, liés à des OVNIs : le cas de Falcon Lake (Stephen Michalak) et le crash de Shag-Harbor. Stephen Michalak est un mécanicien cherchant des pierres (il est passionné de minéralogie) dans les montagnes surplombant la région de Falcon Lake (Canada), en ce 19 mai 1967, lorsqu’il observe un étrange OVNI atterrir. Celui-ci émet un sifflement et, en se rapprochant, une trappe s’ouvre, qui se referme peu après. Posant sa main sur l’objet, son gant fond et, l’objet ayant tourné sur lui-même, Stephen Michalak se retrouve face à une grille d’où s’échappe un souffle chaud qui marquera le ventre de Stephen Michalak, lequel en garda une cicatrice en forme de grille sur son abdomen. Il eut plusieurs effets secondaires comme des vomissements, la perte d’une dizaine de kilos et une odeur de souffre et d’ozone qui persista sur lui pendant quelques temps.

Le soir du 4 octobre 1967, cinq témoins roulent et aperçoivent un objet de grande dimension (20 m de diamètre), orné de quatre lumières orange, qui traverse la route au-dessus d’eux et se dirige vers l’eau du port. Il se produit un flash et une déflagration sonore lorsque l’objet touche l’eau avant de couler dans les eaux du golfe du Maine (Nouvelle-Écosse), dans le petit port de pêche de Shag-Harbor. Les témoins appelèrent la police mais. Sur place, les 3 policiers (Ron Pond, l’officier Werbicki et l’agent Ron O’Brien) sont témoins d’un objet flottant qui émet une lueur jaune. Malgré des fouilles du golfe, rien ne fut jamais retrouvé. Lorsque des garde-côtes et des bateaux de pêche arrivent sur place, l’objet a coulé mais ils constatent la présence d’une mousse jaune sentant le soufre, répandue sur une surface de 35 m sur 900 m. Plus tard, en 1995, l’un des témoins de l’incident, Chris Styles, fera venir des chercheurs sur place, équipés de sonars et magnétomètres, pour sonder le port. Aucun débris ne sera jamais retrouvé.

A noter qu’un musée existe à Shag-Harbor, consacré au crash de la nuit du 4 octobre 1967.

D’autres pièces ont aussi été émises, notamment pour commémorer les 70 ans du crash de Roswell (en 2017), non par les Etats-Unis mais, plus curieusement par… la République du Cameroun (2017)! Ces pièces sont souvent en argent, livrées dans un coffret de présentation car réservées aux collectionneurs en raison de leur prix, souvent assez élevé.

Le Canada a aussi émis des pièces pour les collectionneurs, puisées dans l’univers de Star Trek (la série originelle).

En dehors de ces pièces réservées aux passionnés d’OVNIs et/ou aux collectionneurs, figurent d’autres pièces que l’on retrouve sur le marché, ou encore chez certains collectionneurs, et qui sont présentées comme authentiques. Ainsi en est-il de ces pièces, datées du début du XXè siècle, et représentant des têtes d’extraterrestres ou des soucoupes. Inutiles de dire que TOUTES ces pièces sont des FAUX fabriqués pour les passionnés, avec une patine les ayant fait vieillir, travaillées dans de vieux bouts de métaux afin de leur donner un caractère plus « authentique ». Le métal utilisé peut être de l’étain, seul ou en alliage avec l’argent.

L’une de ces pièces a fait couler beaucoup d’encre car elle a été, soi-disant, retrouvée en Egypte.

Elle représente une tête « d’extraterrestre » sculptée sur la partie métallique de la pièce, laquelle présente des bords usagés, qui semble garante de son ancienneté, et donc de son authenticité. Des inscriptions grecques entourent les bords de la pièce.

Pièce qui fut popularisée par le quotidien britannique The Sun avant d’être reprise par de nombreux site Internet.

En fait, celle-ci présente une histoire singulière.

Connue depuis octobre 2016, date où un tabloïd britannique (The Sun, bien connu pour ses photos bidonnées et ses sujets tape-à-l’œil !) en présentèrent des photos, l’origine présentée en était le site mysteriousearth.net. La légende sur le site en question mentionnait que cette pièce avait été trouvée par « un groupe de gens qui travaillaient à rénover une maison dans le sud de l’Egypte ».

Cette pièce fait penser aux pièces de 5 cents qui étaient retravaillées par des vagabonds (« hobos », en anglais, donnant le nom de « hobo nickels » à ces pièces) pendant la Grande Dépression américaine (à partir de 1929). Et si cette pièce représentant un « extraterrestre » avait été retravaillée ? Mais dans quel but ? Intéresser un numismate ? Peu probable étant donnée l’originalité du sujet, selon les spécialistes. Fabriquer une « preuve » pour les fans de théories « d’anciens astronautes » ? Oui, mais…

Car le mais en question vient d’un informaticien nommé Ralf Bülow qui apporta la réponse sur le site de Jason Colavito, un chercheur ufologique américain, sur son site Internet (cf. lien en fin de page).

« L’image, qui a été en ligne au moins pendant 4 ans, est suspecte pour de nombreuses raisons, notamment par le fait que les plus anciennes pièces ne décrivaient pas (et ne pouvaient pas le faire) leurs sujets de trois-quarts profil. L’inscription, qui semble être en grec, n’est pas moulée dans le style grec ancien mais semble plus récent. La pièce semble avoir été altérée, bien que je ne sois pas familier avec celles-ci (ou médaillons, ou encore jetons). Je ne suis même pas sûr qu’il y ait réellement une pièce altérée ; un ordinateur pourrait avoir dessiné la tête alien dans un coin, comptant sur le logiciel pour retoucher le visage.

Je suis toutefois étonné de tous ces défenseurs qui affirmaient que la pièce était réelle n’aient pas essayé de le confirmer en lisant son inscription. Cela donnerait une bonne indication de l’origine de la pièce.

MISE A JOUR : mes étonnants lecteurs, particulièrement Ralf Buelow, ont résolu le mystère de la pièce extraterrestre en quelques minutes. L’inscription sur la pièce se lit « BIΘΥΝΙΕΩΝ ΑΔΡΙΑΝΩΝ » et la pièce originale fut produite par Hadrien pour commémorer son passage à travers la Bithynie [Turquie]. La pièce originale montrait l’image de son amoureux, Antinoüs. La fausse pièce fut conçue par ordinateur à partir de celle-ci, notamment à partir de cette photographie : »

Pièce originale d’Antinoüs.

Le site coinweek.com, spécialisée dans la numismatique (l’étude des pièces de monnaies), apporte toutefois d’autres précisions :

« La piste digitale mena à un site ufologique brésilien, où j’ai appris que (merci à la bonne traduction portugaise de mon navigateur internet) que la fausse image venait de DesignCrowd, un site internet participatif de dessin graphique australien. En avril 2011, DesignCrowd conduisit un tournoi « Pièce du Royaume », défiant les dessinateurs graphiques de créer des images de célébrités sur des pièces.

L’un de ces utilisateurs, avec le pseudonyme « Kryptomaniacle » envoya une image créée auparavant juste 20 minutes avant la fin du tournoi, identifiant le portrait comme « l’historiquement obscur Grapnok, responsable de trois des Sept Merveilles du Monde ». Cet envoi gagna la troisième place. Techniquement, « Grapnok » n’était pas une « célébrité » et contournait les règles du tournoi, comme l’admit Kryptomaniacle dans un message ultérieur.

Ce n’était pas un canular, c’était ludique, une blague créative. Le canular s’est développé lorsque les tabloïds ont pris l’image et l’ont transformé en histoire d’OVNI « pute à clique ».

Phases du « morphing » ayant servi à transformer le personnage initial sur la pièce en « Glapnok » l’extraterrestre.

Une autre histoire concerne les mystérieuses « pièces » censées représenter un « OVNI » du passé. Voyons ce qu’en dit le site coinweek :

« La confusion augmenta lorsque la même découverte « égyptienne » fut donnée comme source de jetons français du 17è siècle, portant des images d’objets en forme de disque flottant dans les nuages. Les jetons sont principalement en cuivre ou en laiton, de taille typique entre 20 et 28 mm, produits en milliers de dessins différents à travers l’Europe, entre les 13 et 17è siècle. Ils étaient utilisés à l’origine dans la comptabilité et le calcul (comme les perles d’un boulier). Ils ont aussi servi de jetons pour le poker ou « d’argent ludique » pour les jeux. Ce n’était pas des pièces et n’étaient pas frappées d’un sceau officiel, mais elles sont énormément collectionnées et parfois confondues avec des pièces. »

Nous allons voir que la France est, indirectement, à l’origine de ces fausses pièces censées représenter un OVNI :

« En 1648, des jetons de la région française de la Bourgogne semblent montrer un OVNI planant au-dessus d’une forêt de pins rocailleuse. Mais, lorsque l’image est renversée dans le bon sens (basé sur la lecture de la devise latine – laquelle, traduite, donne « Peu résistèrent, mais furent défaits par beaucoup »). Elle montre un bouclier soutenu contre une tempête de flèches venant des nuages. C’est une image allégorique très habituelle sans implication extraterrestre.

Un exemple encore plus stimulant est un jeton de cuivre de 1656 qui montre très clairement un disque avec un fuseau central flottant au-dessus d’un paysage. La devise latine énigmatique « Opportunus Adest » se traduit par « Une opportunité est là » [le site traduit par « cela arrive à une période chanceuse »]. Les dessins des jetons étaient fréquemment retravaillés et modifiés, et une copie en métal blanc montre un objet flottant, qui ne ressemble pas du tout à une soucoupe, mais qui devrait être un bouclier de parade de style baroque.

L’idée de boucliers qui tombent du ciel en tant que cadeaux divins ou jetons de protection est très ancienne.

Selon la légende, au temps de Numa Pompilius (second roi de Rome qui vivait entre 753 et 673 avant notre ère), un bouclier de bronze, l’ancile, est tombé du ciel. Numa avait 11 répliques identiques fabriquées (pour protéger l’identité du premier) et avait établi un clergé – le Salii ou prêtres sauteurs – pour en prendre soin et pour les porter en processions lors d’occasions spéciales.

Jeton à retourner pour retrouver le rôle véritable du bouclier, dans le sens des inscriptions.

Cette histoire célèbre faisait partie de l’éducation classique et était familière des premiers Européens modernes qui utilisaient les jetons. Les boucliers d’acier cannelé élaborés qui furent en usage au 16è siècle avaient souvent une similitude remarquable avec les images modernes d’OVNIs. Un exemple spectaculaire est le jeton allemand de 1594 montrant la main de Dieu se baissant du ciel pour interposer un bouclier symbolique de protection divine entre les Néerlandais et l’armée espagnole. Il n’y a aucune preuve historique qu’un vaisseau spatial extraterrestre soit impliqué. »

Soit, dans ces cas de figure, il est difficile de ne pas accorder de crédit à ces explications sourcées. Toutefois, on pourra toujours rétorquer que les l’Empire romain voyait voler des « boucliers » dans le ciel à l’époque. Dans ce cas, ces « boucliers » ne pourraient-ils pas ressortir, à un moment ou un autre de notre histoire ? C’est ce que ne nous savons maintenant en raison des recherches d’un certain nombre d’écrivains et partisans des thèses concernant les « Anciens Astronautes » dans les écrits historique. Mais, rien ne prouve que les concepteurs des pièces au Moyen-âge et à la Renaissance aient eu connaissance de ces informations.

En conclusion : soyez vigilants si vous pensez avoir trouvé une « preuve » historique de la présence de visiteurs étrangers dans notre passé grâce aux pièces. Beaucoup sont des modélisations créées par ordinateur ou bien une manipulation des pièces ou jetons existants mais décrivant autre chose. Même s’il faut reconnaitre que l’on peut avoir des doutes légitimes pour certaines de ces pièces…

Stéphane Royer

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SOURCES :

https://www.courrierinternational.com/article/monnaie-ovni-lincident-de-shag-harbour-sur-une-piece-canadienne

https://www.lapresse.ca/affaires/economie/canada/201804/03/01-5159643-une-piece-de-20-a-leffigie-dun-ovni.php

https://quebec.huffingtonpost.ca/2018/04/03/monnaie-canada-ovnis_a_23401979/?guccounter=1&guce_referrer=aHR0cHM6Ly93d3cuZ29vZ2xlLmNvbS8&guce_referrer_sig=AQAAAI9DF3ZH-GEu-xgogEp7SGYN38JCBAtb4QCEHQcWQNrWeMRHwJQNnIJJFItG4-LbZsOQbYmW3M0W5kfNHzkLW2Gfwv5SwaSPHIpnkfT3RppsA06RfuLKxq4JfbtZg3gOi_MIPHnpGsW7yXp7lxpCx1xXTogNN8hh7JPR-1E5tNdQ

https://paranormal-ovni-ghost.skyrock.com/3272759014-Un-OVNI-sur-une-piece-de-monnaie-francaise.html

https://coinweek.com/ancient-coins/coinweek-ancient-coin-series-coins-aliens-and-ufos/

http://www.jasoncolavito.com/blog/history-channel-launches-ancient-aliens-companion-volume-and-coloring-book-plus-an-ancient-alien-coin

https://www.thesun.co.uk/living/1976877/could-these-creepy-coins-prove-that-aliens-lived-among-the-ancient-egyptians/

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Une réponse

  1. Bonjour – Un détail me laisse perplexe : il s’agit de ces pièces montrant un « gris » avec la mention « Liberty » et une date : 1937. Je suis étonné par les variantes, parfois maladroites et montrant des dates différentes : 1936, 1929. C’est comme si plusieurs personnes, frappées (!) par une monnaie étrange, l’avaient reproduite plus ou moins fidèlement…

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